Lihou

personnages

sculpture tactile
legende sumerienne

Homo Erectus Fabricans
Avarre

contact.
l'identité n'est pas à l'identique


Homo  Erectus Fabricans



Homo erectus fabricans.

Galerie de Jean-Pierre Lihou


regard
Heracles laque

 

Homo Repto Creator.
      L'homo erectus fabricans érige sa capacité à penser tout en perfectionnant sa capacité à façonner ce qu'il pense.

        
En d'autres termes, citoyens, décideurs d'entreprises, politiques, scientifiques, intellectuels, et en particulier nous artistes, sommes tous responsables de ce que nous pensons et de ce que nous faisons.
        Le monde est tel que nous le façonnons.
        D'où nous venons, nous le découvrons peu à peu... Où nous allons, nous en décidons pas à pas... Humains, certes, mais humains inachevés et responsables du devenir de notre humanité que nos actes construisent ou détruisent.
       
 Chaque société a les penseurs, les artistes, les bâtisseurs, les décideurs, les politiques qu'elle mérite, leurs créations la transforment, elles nous transforment.
        Là où nous agissons, chacun(e) d'entre nous est un(e) "homo erectus fabricans", qui érige sa capacité à penser en développant sa capacité à façonner ce qu'il pense.
        Partant de ce constat, sur le plan artistique on doit s'interroger sur le contenu de l'histoire de l'art moderne qui fut si fécond en novations et s'interroger encore plus sur celui de l'art contemporain.
        Par exemple, qu'a donc fait notre "société-occidentale-moderne" du concept de "placer l'art dans la vie", qui fut la pensée centrale d'artistes majeurs de l'Europe du début du 20e siècle (1907/1920), j'évoque ici les "constructivistes", qui s'étaient engagés dans une profonde reconsidération des rapports art/société et qui avaient fondé le projet de l'art au service de tous, et non plus au service des puissants, seigneurs de l'église, seigneurs de la politique et seigneurs des finances.
         Nos politiciens et leurs complices industriels nous ont servi deux guerres mondiales pour calmer les ardeurs sociales et intellectuelles qui auraient bouleversé les systèmes en place, si on ne les avait pas stoppées. Puis, notre "société-occidentale-moderne" a fabriqué des images de musée coupées du quotidien, elle a transformé les oeuvres d'art de son temps en objets de stockage spéculatif, elle a développé des conduites culturelles sous la forme de "reliques cultuelles consuméristes" devenues mondialisées.
        Finalement toutes ces merveilleuses technologies de l'image que sont le cinéma, la télévision, les technologies numériques servent à exalter la violence en tant que normalité constitutive de l'humanité, organisée à l'image du modèle économique dominateur. Tout l'art contemporain reconnu, c'est à dire celui qui est présenté dans les musées est une nouvelle forme de réalisme. Chaque oeuvre "représente" réellement l'organisation de notre monde, notre modèle social, chaotique et fondé sur la domination, donc sur la violence. Chacune avec ses artifices propres nous livre la réalité comme en d'autres temps on a inventé comment représenter une pomme ou la perspective d'un paysage.
        Ces coûteuses productions artistiques, ces programmations récurrentes ne servent qu'à rendre ordinaire le crime. A banaliser toutes les formes de bestialité, comme hurler dans une chanson dont on ne peut plus comprendre les mots. Dans les films, plus particulièrement de films américains, ou dans les médias tous les acteurs aboient leurs dialogues ou leurs propos, le tete le plus anodin se transforme en un galop logorrhéique. On retrouve ces mêmes dispositifs de violence sublimée dans les arts plastiques. Les rudesses des graphismes, le chaos des mise en scène des formes et des couleurs, les déconstructions ravageuses, tout concourt à rendre la violence habituelle.
Dans le travail la rentabilité est violence. Dans l'éducation des enfants, dans leur préparation aux luttes qui les attendent la violence a sa place. Dans toutes les modalités de vie que la société invente au nom de l'ordre et du bien commun tout est violence.
        
Les artistes vivent de ceux-là même qui organisent cette violence, ils leur fournissent donc les images à la convenance de leurs besoins idéologiques.
         Face à ce désastre civilisationnel que fait donc le public qui accepte ce gavage intensif sans se révolter ?
         Rien, ou si peu que pas. Pire il lui trouve des justifications qui soulagent ses peurs de victime désarmée.
         En s'imprégnant de ces messages et en les acceptant comme des références ou des normes esthétiques il en reproduit le sens qui est l'acceptation d'un monde dominé par la bestialité.
        L'incapacité de distanciation inhibe toute réflexion critique. On peut toutefois penser que si on offrait d'autres représentations du monde à ce même public, il en serait ravi et apaisé. Mais cette quiétude spirituelle ainsi acquise libérerait le cerveau de chaque citoyen qui deviendrait dès lors disponible pour imaginer l'organisation d'un mieux vivre autrement.
         Ce serait trop subversif pour qu'on laisse faire.

Ce texte a été écrit et mis en ligne sur ce site pour la première fois en 1993.
Aujourd'hui, janvier 2019,
Trump est président des Etats Unis, la nation la plus bestiale de la planète et les droites les plus extrêmes gagnent en puissance partout, y compris en France.
Qui s'en étonnerait sans y avoir participé de près ou de loin ?